Catane : impressions siciliennes

Si Catane n’est pas le sacré graal des lieux de villégiatures, c’est sans doute car on ne l’apprivoise pas si facilement. Ses murs brunis par le temps et les pots d’échappements n’ont rien de particulièrement attrayant. Pourtant, c’est justement ce chaos typiquement italien qui, progressivement, conquit nos cœurs. Au bout d’un certain temps, on se surprend à dénicher les trésors du temps passé et à écouter les conversations animées au détour d’une ruelle. Celle qui nous paraissait vulgaire et atrocement bruyante nous apparaît à présent comme délicieusement originale.

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Au loin, telle une mère veillant au grain, l’Etna domine la ville vêtue de son élégant chapeau de fumée. Sa présence nous rappelle que la jungle urbaine n’est que néant face à la majestuosité de la nature.

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Mon compagnon et moi décidâmes d’aller voir de plus près la « bête fumante ». Accompagnés de Vincenzo, notre guide sicilien, nous nous sommes rendus sur les traces des plus grands vulcanologues. Première étape : le rez-de-chaussée. Vincenzo nous explique en franglais l’origine des résidus de lave qui s’étendent à perte de vue. Nous comprenons alors que nous marchons sur les restes de l’une des plus grosses éruptions du volcan. Celle de 1865 qui détruisit tout sur son passage. En écoutant son discours, on visualise parfaitement les gigantesques coulées de lave dévorant les alentours et accueillant en leur sein les derniers condamnés. Cela me plaît, étrangement, que nous pourrions être pris à n’importe quel moment dans les entrailles de ce monstre à mille têtes.

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Après avoir atteint la moitié du volcan (l’autre moitié étant réservée aux excursions plus onéreuses), notre guide nous propose de nous arrêter dans un charmant restaurant du coin. Chaque membre du groupe raconte alors tour à tour des anecdotes de son pays. Vincenzo nous raconte comment, lors d’un séjour outre-mer, il fût pointé du doigt par ses homologues anglais : « Nous étions tous réunis autour d’un barbecue et les Anglais buvaient des litres et des litres de bière… J’étais le seul à manger et il me regardait comme si j’étais un éléphant dans un magasin de porcelaine. Soudain l’un d’eux me demanda si j’étais Italien. Mais oui comment le sais-tu ? lui dis-je. Il me répondit alors que parmi tous ces saoûlards, j’étais le seul sain d’esprit à manger. » A ce moment précis, je ressentis un amour inconditionnel pour ce pays si fervent de croquer la vie à pleine dents, faisant de chaque repas une cérémonie.

« Combien de variétés de pâtes existe-t-il en Italie Vincenzo ? » demandais-je. Il me regarda alors tel un astro-physicien s’apprêtant à m’énumérer la liste des planètes de l’univers et se mit à me lister plusieurs noms incompréhensibles, en finissant par m’avouer qu’il y en avait beaucoup trop pour toute les citer.
Vincenzo restera à jamais gravé dans un coin de ma mémoire comme cet assoiffé de savoir à la barbe longue et aux yeux enfantins.

Auteur : Alice Gren

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