Parmi tous les labels engagés dans une démarche de développement durable, certains se focalisent sur la dimension sociale afin de lutter contre les aléas d’une société mondialisée. C’est le cas du label Fairtrade, qui cherche à apporter une alternative au commerce dit « traditionnel » .
Le commerce équitable, quèsaco ?
Face aux conséquences sociales désastreuses pour de nombreux producteurs dans le domaine textile ou agro-alimentaire (travail forcé, conditions d’insécurité, pauvreté…), plusieurs acteurs ont manifesté leur volonté de rétablir un lien plus juste et plus direct entre le consommateur et le producteur. De là est né le commerce équitable.
Il s’agit plus précisément d’un échange Nord-Sud ou Nord-Nord, où le consommateur achète un produit en passant par un organisme certifié, garantissant de bonnes conditions sociales pour les producteurs. Cela permet au travailleur d’être payé à sa juste valeur, c’est-à-dire au-dessus des prix artificiels du marché, qui prévalent au sein du système libéral.
La petite histoire du commerce équitable
Le commerce équitable fait ses débuts dans les années 1940 aux Etats-Unis, lorsque des associations de citoyens décident d’échanger avec les communautés pauvres des pays du Sud. Quelques années plus tard, l’Europe suivit le même chemin en créant des organisations humanitaires au sein de plusieurs pays sous le seuil de pauvreté. En 1964, les Nations Unies employèrent pour la première fois le terme de « commerce équitable », instaurant ainsi une nouvelle logique mondiale, bien qu’elle fût encore peu connue du grand public.
Au fil des années, le commerce équitable tisse sa toile et finit par conquérir les grandes marques agro-alimentaires. C’est grâce à la création du premier label international de commerce équitable, Max Havelaar (appelé par la suite Fairtrade / Max Havelaar), que le secteur fait un pas de géant, passant des petites boutiques associatives à l’univers des grandes surfaces.
Sous l’initiative de deux néerlandais, Nico Roozen et Frans van der Hoff, le commerce équitable élargit considérablement ses horizons. Désormais, ce ne sont plus seulement des petits producteurs isolés qui produisent un commerce équitable, mais également des acteurs de la grande distribution.
Depuis, des centaines de marques ont décidé d’adopter le label Fairtrade/Max Havelaar, afin de garantir la traçabilité et l’éthique de leurs produits. Ce label mondialement connu répond, à l’instar des labels textiles Bluesign® et OEKO-TEX® à un certain nombre de critères spécifiques. Ces derniers sont basés sur les conditions des travailleurs, c’est-à-dire la manière dont ils cultivent, vendent et organisent leur récolte.
Le label Fairtrade/Max Havelaar, acteur majeur du commerce équitable
Le label est défini par différents principes sociaux comme le droit des travailleurs, ou la santé au travail. Les principes environnementaux sont également au cœur de sa démarche, car l’absence d’OGM et la protection de la biodiversité font partie des principes clés du commerce équitable.
Le prix des produits est également déterminé par les standards Fairtrade / Max Havelaar. Un principe de prix minimum est mis en place. Contrairement à d’autres types de commerces, ce prix n’est pas fixé par les cours du marché, du fait de la variation constante de ces derniers. Il est défini de façon à ce que le producteur puisse couvrir ses coûts de production, peu importe l’instabilité économique. Par conséquent, lorsque le prix du marché est plus élevé que le prix minimum, le consommateur doit systématiquement payer le prix plus élevé, afin de protéger le producteur.
Fairtrade/Max Havelaar dans l’univers textile
Dans les années 2000, le commerce équitable entame un nouveau chapitre, celui du textile. C’est ainsi qu’en 2016, le label Fairtrade / Max Havelaar décide d’appliquer sa certification à l’industrie textile, à travers la mise en place du Standard Fairtrade pour le textile. Il s’agit du premier label à exiger un salaire décent pour les travailleurs dans ce domaine.
Au même titre que pour les producteurs agricoles, Fairtrade / Max Havelaar cherche à améliorer les conditions de travail des travailleurs du textile, tout au long de la chaîne de production du vêtement, allant de l’égrenage jusqu’au produit fini. Les mêmes principes sont donc appliquées que pour le secteur agro-alimentaire (conditions de travail et salaire équitables, sécurité, droit des travailleurs…). En outre, l’accent est mis sur le volet environnemental, avec des matières premières comme le coton bio ou d’autres textiles durables.
Aujourd’hui, très peu de marques outdoor sont issues du commerce équitable. Quelques marques équitables de sportswear urbains ou de vêtement de sports doux (yoga, pilates) ont émergé ces dernières années. Néanmoins, on pourrait imaginer que dans les années à venir, des marques renommées comme Millet ou The North Face ajoutent à leur politique environnementale un label de commerce équitable. C’est d’ores-et-déjà le cas pour Patagonia, dont nous aborderons la démarche un peu plus loin.
Pour l’instant, les marques outdoor semblent mettre l’accent sur le volet durable de leur stratégie de production. Une affaire à suivre…