Hippocrate l’avait déjà bien compris : « la marche est le meilleur remède pour l’homme ». Rien de tel pour s’aérer l’esprit et déconnecter de notre train-train quotidien qu’une randonnée en pleine nature. Mais attention, avant de vouloir gravir des montagnes, il est important de bien mesurer ses capacités. Fort heureusement, l’Hexagone regorge de sommets très diversifiés. Randonneur néophyte ou aguerri, voici une sélection de 10 randonnées inoubliables choisies par nos grimpeurs.
Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), les sentiers de grande randonnée sont des sentiers « balisés, notamment en forêt, en montagne, pour faciliter la promenade à pied ». Mais avant d’en arriver à ce stade, la randonnée est passée par bien des étapes.
Ses premières traces historiques remontent au XVIIe siècle. À l’origine, elle désignait la « course que les chasseurs font après la beste qu’ils chassent ». Toutefois, eux seuls étaient autorisés à utiliser la marche comme activité de loisir. Pour les autres, il s’agissait d’une activité associée au vagabondage et à la pauvreté. Ce n’est qu’un siècle plus tard qu’elle commence à prendre du terrain.
Au XVIIIe siècle, certains scientifiques commencèrent à s’intéresser à la montagne, un phénomène géologique à étudier de près selon eux. Dans cette optique, l’un des pionniers de la randonnée, Horace Bénédict de Saussure, développe une véritable passion pour la flore montagnarde.
Ce naturaliste et géologue élevé dans la campagne genevoise apprend à aimer la nature dès sa plus tendre enfance et s’intéresse très tôt à la botanique. Il devient alors obsédé par les Hautes-Alpes et s’y rend fréquemment pour observer sa végétation de plus près. Il traverse quatorze fois la chaîne et fait plusieurs fois le tour des sommets mythiques, comme le Mont-Blanc et le Cervin.
Un siècle plus tard, cette passion cartésienne prend une toute autre forme et se transforme en une véritable ode à la nature. Par cette dernière, les romantiques projettent leurs sentiments et s’identifient. La beauté et la diversité des paysages leur rappellent leurs propres émotions, comme en témoigne ce fameux tableau de Caspar Friedrich, Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, qui représente ici la puissance de la nature face à nous, minuscules terriens.
De l’esprit de fascination, on passe à celui d’éducation civique avec l’arrivée du scoutisme pour les enfants et adolescents. Jean Loiseau, alors architecte à la Banque de France découvre cette activité en 1910 et créé son propre groupe de marcheurs, Il partage ainsi avec d’autres le plaisir de découvrir l’espace naturel à pied, à travers un balisage bien précis et s’inspire des méthodes étrangères, utilisant la peinture sur différents supports (rochers, arbres, etc.) pour indiquer le chemin à ses randonneurs. C’est ainsi que débutera son projet de créer « les grandes routes du marcheur ». Sous son initiative et celle d’autres collectifs, un plan directeur du réseau national est mis en place avec des règles de signalisation précises. C’est à cette époque que naissent les célèbres traits rouges et blancs que l’on voit sur nos sentiers de randonnées.
L’année suivante les futur GR® débutent leurs chantiers un peu partout en France. Les « grandes routes du marcheurs » se transforment en « sentiers de randonnée », inaugurant pour la première fois ce mot chez les sportifs français. La même année, en 1947, est créé le Comité National des Sentiers de Grande Randonnée (CNSGR), regroupant plusieurs organismes sportifs et scouts. L’idée n’est donc plus seulement d’explorer dans un but pédagogique mais également de s’adonner au loisir de la marche.
Au fil des années, les réseaux GR® fleurissent dans le pays avec, en parallèle, la création de la Fédération européenne du tourisme pédestre et les premiers gîtes d’étapes. En 1972, près de 10 000 kms sont aménagés et l’on voit apparaitre la notion de tourisme de terroir. Grâce à « la fédé », les GR® figurent officiellement sur les cartes IGN et deviennent de plus en plus nombreux avec le temps. Aujourd’hui, ce sont près de 164 000 kms de sentiers de randonnées qui sont balisées à travers le pays, incitant chaque année des randonneurs de France et d’ailleurs à découvrir le territoire.
Autrement dit, difficile de choisir parmi tous ces itinéraires tant les champs des possibles est vaste. Mais parce qu’on aime la difficulté chez Hardloop, nous nous sommes mis en tête de choisir 10 sentiers de randonnées mythiques à réaliser avant de casser sa pipe.
Le GR20 en Corse
Qu’on se le dise, la Corse détient le record de paysages de rêve dans notre chère et tendre Gaule. En une seule et même terre, l’Ile de Beauté nous donne l’impression de parcourir des dizaines de pays. Dotée d’une diversité botanique et minérale époustouflante, la Corse regorge de forêts, lacs, roches multicolores, plages paradisiaques, le tout dans un méli-mélo de parfums méditerranéens et de lumières à couper le souffle. Bref, c’est un peu le jardin d’Eden du randonneur.
Un bien pour un mal pourrait-on dire également car ses massifs ne sont pas des plus faciles. À croire qu’un tel décor se mérite. Pourtant, cela ne décourage pas les 15 000 sportifs qui viennent chaque année défier les sommets du fameux GR20, qui traverse la région du Nord au Sud sur 200 kms, de Calenzana à Conca. Considéré comme l’un des plus beaux parcours d’Europe, c’est aussi l’un plus ardu. Grimpeurs débutants, s’abstenir !
Certes, ses paysages en ont fait rêver plus d’un entre les magnifiques torrents, lacs, crêtes vertigineuses, incroyables panoramas et les jolis refuges bucoliques que l’on croise sur son chemin. Néanmoins, pas question d’y faire ses premiers pas d’ascensionniste. Le GR20 se destine uniquement aux randonneurs confirmés, dotés d’une excellente forme physique.
Et même si pour vous la marche en montagne n’a plus aucun secret, il vous est chaudement recommandé de ne pas vous la jouer solo sur cet itinéraire dangereux et, sous aucun prétexte, ne quitter les sentiers battus !
Comptez 16 jours pour un randonneur classique (soit une étape par jour). Néanmoins, si vous souhaitez d’ores et déjà vous entraîner sur une partie du parcours, il est possible d’effectuer uniquement la partie sud, de Bavella à Vizzavona ou bien la partie nord, réalisable en 8 jours.
Et quel que soit la durée choisie, notez que vous pouvez privilégier la mer ou la montagne durant votre ascension. On parlera alors de « mare e monti » ou « mare a mare » pour les fans de la grande bleue.
Important, choisissez bien la date de votre ascension. Avant le mois de juin, les refuges ne sont pas encore gardés et certaines zones sont toujours enneigées. Idem pour la fin août, période à laquelle les sources s’assèchent.
Le GR5, la grande traversée des Alpes
Chaque année, les touristes se ruent par milliers dans la région alpine. Et pour cause, les Alpes détiennent le patrimoine le plus diversifié et préservé de l’Hexagone. Les locaux ne sont pas peu fiers de voir pousser en leurs terres plus de la moitié de la flore française, ainsi que des espèces rares come le chamois, le bouquetin ou le loup.
On apprécie également la région pour sa quantité astronomique de parcs naturels. Du PNR de la Vanoise aux Ecrins, en passant par celui du Vercors, difficile de ne pas se décrocher la mâchoire devant tant de beauté. La particularité de cette destination réside également dans sa versatilité. Il suffit parfois de passer une étape pour changer drastiquement de décor et voir une nature désertique se transformer en un vrai pâturage de compétition.
Parmi les nombreux sentiers de randonnées que l’on trouve dans la région, le GR5 fait partie des incontournables du pays. Ce parcours transfrontalier débute chez nos amis hollandais, au bord des plages de la mer du Nord et, après de 2500 km de traversée, se jette dans la méditerranée niçoise, au cœur des Alpes. Le meilleur pour la fin, diront les chauvins. Quoi qu’il en soit, nous nous concentrerons sur le tronçon français, surnommé « la Grande Traversée des Alpes », qui donne déjà bien du fil à retorde aux grands marcheurs.
Le GR5 doit sa popularité à son décor quasi cinématographique où se mêlent toutes sortes de phénomènes naturels : sommets enneigés, alpages savoyards, déserts d’altitude, lacs… Les USA n’ont qu’à bien se tenir. Chez Hardloop, nous avons une petite préférence pour cet itinéraire, moins fréquenté que le GR20 et sa horde de randonneurs. On y croise peu de monde, mis à part dans les villages et les refuges.
Moins dangereux que son homologue Corse, le GR5 demande tout de même une bonne forme physique. Le parcours classique débute au bord du lac Léman et se termine, quelques 620 km plus loin (environ 3 semaines/un mois de marche) sur les plages méditerranéennes.
Mais pas de règles figées pour cette traversée. Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un grand sportif ou si le temps vous manque, vous pouvez également choisir un itinéraire plus court. Certains partent directement de Briançon, afin d’écourter la traversée sur 11 jours. Au risque d’énerver les grimpeurs de compétition, nous vous confirmons que le spectacle n’en est pas gâché pour autant, puisqu’il traverse l’un des points phares du patrimoine alpin : le Parc Naturel Régional du Queyras où se mêlent torrents, forêts de mélèzes, gorges et villages pittoresques. L’eldorado du marcheur en somme.
L’itinéraire complet, quant à lui, traverse deux autres parcs mythiques : la Vanoise et le Mercantour, qui figurent également au palmarès des chefs-d’œuvre naturels français. Sans oublier les nombreuses réserves naturelles qui peuplent le massif alpin et le majestueux Mont Blanc qui domine la traversée.
Vous n’avez pas l’habitude des longues marches en montagne ? Grâce aux hôteliers et restaurateurs, il vous est possible de réaliser le parcours quasiment sans bagages, en vous munissant uniquement du nécessaire pour la journée. Mais si vous êtes plutôt du genre sportif de compet’, des nuits en bivouac sont également possibles.
Pour ceux dont l’orientation n’est pas la qualité première, sachez que le balisage vous permet globalement de mettre carte et boussole de côté. Attention toutefois au changement de signaux : le balisage vosgien diffère de ses homologues. Il est marqué par des panneaux avec un rectangle rouge.
Important, évitez de partir en dehors de la période juillet-octobre. Vous risquez d’être sérieusement handicapés par la neige, que l’on retrouve même en été !
Le tour du Queyras – GR58 (Hautes-Alpes)
Les naturophiles vénèrent les Hautes-Alpes comme le messie pour son incroyable complexité. On ne sait où donner de la tête entre ses lacs de montagne, ses torrents, ses crêtes voluptueuses, ses champs de lavande et ses glaciers éblouissants. Mais l’attraction numéro 1 reste sans aucun doute le GR58, qui permet de réaliser le célèbre tour du Parc Naturel Régional du Queyras.
Sur 130 kms, on y croise des villages de montagne typiques (dont St Véran, plus haute commune d’Europe), quelques-uns des plus beaux chalets d’alpage de France, un décor lunaire et des grands lacs à tire-larigot. A noter que le GR58 se pratique de début mai à la mi-novembre, en faisant toutefois attention à la neige en début et fin de saison sur les zones les plus hautes (Vol Vieux, Agnel et le col de Chamoussière). La meilleure période reste toutefois de septembre à octobre, pour ses superbes couleurs automnales.
Rassurez-vous, nul besoin d’être un randonneur aguerri pour entreprendre le GR58. Les chemins balisés sont assez faciles à appréhender et, pour les moins expérimentés (ou les plus feignants), il est possible de faire appel à un service de portage qui propose, entre autres, le port par un âne de bât.
L’âne est en mesure de porter les bagages de 2 à 4 personnes mais marche à une vitesse régulière (3 à 4 km/h). Inutile donc de prévoir votre randonnée au pas de course. Bonne nouvelle, la plupart des gîtes accueillent volontiers votre animal, qui s’adapte également très bien aux bivouacs (de l’herbe et un peu d’eau suffisent à son alimentation).
La durée du voyage dépendra de votre degré d’expérience. On compte généralement 7/8 jours pour une marche standard et 4/5 jours pour les randonneurs bien trempés, sachant qu’il existe de nombreuses variantes possibles.
Notre coup de cœur sur le parcours ? Le point de vue depuis la crête du Château Jean Grossan (situé au-dessus du Col Bramousse), qui domine toute la vallée de Ceillac et ses superbes forêts de mélèze. Les bons vivants apprécieront la bière du coin, la Tourmente, qui est plus que bienvenue après une journée de marche.
Notez que certains sommets sont optionnels et réservés à ceux qui ont de la bouteille, comme le Pain de sucre ou le Pic de Caramantran, culminant respectivement à 3208 et 3021 mètres.
Pour ceux qui le souhaitent, le GR58 peut également se faire en totale autonomie. Le Queyras étant un parc régional, il est tout à fait possible d’y planter sa tente, à condition qu’elle soit située à plus d’une heure de marche des habitations et seulement de nuit. Squatteurs de jardins, s’abstenir !
Randonnée dans les Calanques – GR98
Les Calanques sont aux Bouches-du-Rhône ce qu’un bon cépage est au vin : elles sont incontournables. Le parc national du même nom est célèbre dans le monde entier pour son eau cristalline, ses criques sauvages, la superbe végétation de ses falaises et ses panoramas digne des plus clichés des cartes postales. Les visiteurs font parfois des milliers de kilomètres pour admirer la vue du célèbre cap Canaille, plus haute falaise d’Europe du haut de ses 363 mètres.
En visitant la région, on ne peut s’empêcher de penser à tous ces peintres, inspirés par lumière diaphane des roches et ses couleurs changeantes à chaque heure de la journée. Si vous êtes amateurs de curiosités géologiques, vous ne serez pas déçus par le trou du souffleur, situé dans la jolie calanque de Port-Miou. Il s’agit d’une faille dans la roche partant de l’eau turquoise et se terminant au sommet du rochet par un minuscule trou. Les vagues y compriment l’air, qui s’échappe ensuite en émettant des sons, rappelant étrangement ceux d’un tuba. Dame Nature nous réserve parfois bien des surprises…
https://www.youtube.com/watch?v=smzjFxN2ZKI
Aux contemplateurs viennent s’ajouter les grimpeurs, désireux d’appréhender les calanques par le GR 98-51. En un ou deux jours, cette randonnée traverse les calanques de la cité phocéenne à Cassis sur environ 25 km, le long de la grande bleue. Attention, même si ce parcours semble des plus alléchants, notez que certains tronçons sont assez techniques, notamment les sentiers 5 et 6 qui présentent des dénivelés positifs très importants. Certaines zones comportent des cordes et des chaînes et son assez vertigineuses. Il vous est donc chaudement recommandé d’avoir quelques acquis en matière d’ascension si vous souhaitez emprunter ces itinéraires. Rassurez-vous, il existe des variantes plus abordables avec, en prime, de superbes panoramas sur le littoral et sa végétation.
Chez Hardloop, nous avons décidé de nous laisser le temps d’explorer toutes les curiosités naturelles des lieux, et d’effectuer la randonnée sur deux jours. Pour pouvoir explorer le coin le soir venu, l’idéal est de commencer par une journée de 4 à 5 heures de marche, pour atteindre la calanque de Morgiou depuis Marseille. Pour la petite anecdote, Morgiou est restée célèbre dans l’histoire car Louis XIII vint assister à une pêche sur la madrague, probablement séduit par ce village typiquement provençal.
Les deux incontournable sur le parcours : la calanque de Marseilleveyre et le bois des Walkiries. Le premier – classée en Réserve Naturelle Nationale pour son incroyable diversité animale et végétale – est un grand classique pour les marcheurs du dimanche marseillais, qui viennent admirer la vue imprenable sur l’archipel de Riou. Le bois des Walkiries, comme son nom l’indique, inspira Wagner et sa célèbre chevauchée. Fasciné par les reliefs et la végétation du lieu, il s’en servit de modèle pour le décor de son opéra.
La randonnée du deuxième jour prend environ 4 à 6 heures de marche pour rejoindre Cassis. Outre la calanque de Surgiton et ses criques sauvages, la jolie remontée vers le Val Vierge n’est pas des plus désagréables. Le lieu doit sa célébrité à son immense dévers en rocher sombre où les alpinistes George Livanos et Michel Vaucher tracèrent les premières voies de randonnées. Soyez vigilant sur la suite du parcours : le pas du rocher demande de la vigilance et une corde de sécurité pour les moins expérimentés.
Et si vous randonnez d’avril à mai (la période de grimpe se situe entre octobre et mai), renseignez-vous au préalable sur la « rue », une plante qui peut provoquer de très sévères brûlures. On vous aura prévenu.
Le GR 34 en Bretagne
Qui n’a pas une fois dans sa vie passé ses vacances en famille sur fond de crêpes au beurre salé et cidre brut ?
Si la Bretagne est connue pour ses douceurs gastronomiques, elle l’est aussi pour son incroyable patrimoine naturel, qui lui donne parfois des airs de bout du monde (que les finistériens lèvent la main). Certains iront même jusqu’à dire qu’elle ne ressemble à nulle autre région en France, et nous sommes assez d’accord.
Son paysage celtique où se mêlent criques rocheuses, pointes granitiques, landes, monts et marées est non sans rappeler celui de l’Irlande ou de l’Ecosse. On s’étonne presque de ne pas entendre le son d’une cornemuse au loin. Ici, les randonneurs entrent en terre sauvage, indomptée, recelant de paysages qui restent à jamais gravés dans la rétine du grimpeur.
Sur votre parcours, n’oubliez pas de vous arrêter dans l’un des points touristiques qui font la fierté de la région comme Saint-Malo, cité corsaire bordée de remparts, ou la mythique forêt de Brocéliande, qui donna naissance aux célèbres légendes du roi Arthur. Sans oublier Pont-Aven et ses incroyables galettes (pour le petit creux du marcheur) !
Même s’il est (très) difficile de choisir entre les nombreux itinéraires qu’offre le pays du Kouign Amann, impossible de ne pas citer le messie des sentiers de grande randonnée français : le GR 34 ou « sentier des Douaniers », qui s’étend sur près de 1800 km le long des côtes bretonnes. Traduction : on a vue sur le littoral… à peu près tout le temps.
Comme son nom l’indique, ce sentier permettait autrefois aux douaniers de sillonner la côte afin de surveiller les contrebandiers qui viendraient s’y aventurer. A l’apparition des itinéraires de grande randonnée, le sentier connait un second souffle et se voit balisé des fameuses marques blanches et rouges. Aujourd’hui, on peut donc faire le tour du littoral breton, du Mont Saint-Michel au barrage d’Arzal, dans le Morbihan.
Sur ce chemin de randonnée, le décor parle de lui-même : côtes sauvages, marais, dunes plages, pointes rocheuses… Encore un peu et l’on se prendrait pour Christophe Colomb à la découverte d’une terre inexplorée ! Les essentiels du parcours sont bien évidemment la Baie du Mont Saint-Michel, mais aussi les côtes de Granit Rose et, comment l’oublier, Abers : la pointe du Finistère.
Sauf si vous disposez d’un temps illimité pour effectuer votre rando, il vous faudra couper la poire en deux, voire plus. Si vous êtes du genre « Côtes d’Armor forever », vous pouvez vous concentrer sur la partie Ouest de la Baie de Saint-Brieuc, sur la côte du Goëlo. Cet itinéraire sur 4 jours (72 km) vous offre un beau condensé de nature, entre plages de sables, portes et pointes rocheuses. Cerise sur le gâteau : ses falaises comptent parmi les plus hautes de Bretagne.
Petite mise en garde : le parcours est globalement assez facile, mais une partie reste assez technique entre la plage de Bonaparte et le Palus. On passe par les falaises de Plouha, point le plus haut de Bretagne, culminant à 104 mètres. Cette zone nécessite une bonne condition physique et l’habitude des hauteurs. Mais le jeu en vaut la chandelle car arrivés en haut, on peut admirer le magnifique panorama qui s’étend de la baie de Saint-Brieuc au Cap Fréhel.
Autre possibilité pour les moins expérimentés : le sentier Perros Guirrec – Ploumanac’h, situé sur la côte de Granit Rose, reconnues au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Les roches, sculptées par la mer et le vent, sont dotées d’une morphologie étonnante. Les plus créatifs y verront un chapeau de Napoléon, un chien, une tortue, ou encore un champignon. À vous de voir !
Le tour du Pic du Midi d’Ossau (Pyrénées Atlantiques)
Les Pyrénées Atlantiques ont, elles aussi, leur lot de nature sauvage à offrir. Pics, grottes, lacs, grottes, cascades : on en prend plein les yeux. Le département doit son nom à sa situation géographique, puisqu’il s’ouvre sur l’Atlantique et se voit donc doté de 32 kilomètres de côte. Au programme : du sable fin et des falaises à n’en plus finir. C’est aussi la zone la mieux dotée en cours d’eau de France. On peut donc profiter à foison des torrents, ruisseaux et rivières qui ponctuent le parcours des sentiers de randonnée.
Amateurs de spéléologie, nous vous conseillons vivement de visiter la vallée de Barétous et son paysage lunaire. Elle compte des gouffres parmi les plus profonds du monde. À ne manquer sous aucun prétexte : le gouffre de la Pierre Saint Martin, qui descend jusqu’à 1342 m de profondeur ou La Verna, site géologique célèbre dans le monde entier.
Mais le grand classique de la randonnée pyrénéenne reste sans aucun doute la vallée d’Ossau et son parc national qui traverse un petit bout de la péninsule ibérique. Le paysage est façonné par les nombreuses forêts, pâturages, canyons, lac, torrents qui en font l’endroit idéal pour se ressourcer (et lâcher son téléphone portable).
Petite particularité du lieu ? Le parc comprend une réserve naturelle dont la mission première est d’encourager à la reproduction des vautours fauves. Il n’est donc pas rare de voir ces jolies bêtes à deux ailes nous regarder du coin de l’œil…
Le parc fait également fureur auprès des randonneurs de Pyrénées et d’ailleurs pour son célèbre tour du Pic du Midi d’Ossau, un ancien volcan juché à 2884 mètres d’altitude. On y découvre la crème de la crème des vallées béarnaises, du magnifique cirque de Lescun au vallon sauvage de Labrenère, sous le regard viligant des isards, marmottes et autres rapaces.
Le long de votre périple, nous vous mettons au défi de ne pas craquer pour le succulent fromage de brebis local, qui ferait chavirer les plus cyniques des papilles… Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des bergers accompagnés de leurs troupeaux.
Une autre splendeur régionale a fait battre notre petit cœur de montagnard : le chemin de la Mature et ses 700 mètres de dénivelé. Au XVIIe siècle, la marine à voile avait besoin d’arbres géants pour la construction de grands mâts, que l’on trouve en masse dans les forêts pyrénéennes. Qu’à cela ne tienne, un certain ingénieur du nom de Leroy fit exécuter un travail colossal : un chemin taillé dans une gigantesque paroi calcaire, que l’on peut désormais traverser.
La Mature fait partie des quelques difficultés présentes sur le parcours. Sans être trop compliqué, ce dernier présente tout de même quelques zones techniques comme les trois cheminées qui barrent le chemin au niveau du col de Suzon (2127 mètres). Notez également que certaines prises sont assez espacées et qu’il est préférable de vous encorder, notamment à la descente. Prévoyez un casque également, surtout en période de foule.
En bref, il faut simplement être précautionneux sur les quelques zones un peu ardues et être doté d’une bonne condition physique. Certains dénivelés atteignent 1000 mètres et il faut compter en moyenne 6 jours de marche, à raison de 5 à 7 heures par jour. La saison idéale : de mai à octobre.
Le GR10, la traversée des Pyrénées
Parmi les trésors pyrénéens, on peut placer sans hésiter le GR10 dans les trois premiers du palmarès. Il traverse toutes les régions des Pyrénées Atlantiques et Orientales sur environ 1100 kilomètres, alternant entre vallées, sommets et cols.
Il n’est pas simple de choisir UN point qui marquerait particulièrement le parcours tant il est complexe et diversifié. On croise sur sa route des villages blancs et rouges aux couleurs du Pays Basque, des vallées verdoyantes qui n’ont rien à envier aux pâturages islandais, ainsi qu’une faune et une flore à faire jalouser les montagnards de France et de Navarre.
Petite mise en garde pour ceux qui souhaiteraient parcourir l’intégralité du GR10. À moins d’avoir du temps à ne savoir qu’en faire, il vous sera assez difficile de tout effectuer en une seule fois. Il faut en effet un mois et demi voire deux mois pour atteindre Banyuls. Nombreux sont ceux qui choisissent donc d’en effectuer qu’une partie.
De notre côté, petit coup de foudre pour la partie basque du parcours avec ses villages lovés au fond des vallées (ne manquez pas La Bastide-Clairence, classée parmi « les plus beaux villages de France »). Le parcours s’effectue sur 7 jours en moyenne, en faisant une boucle au départ de Bayonne.
Rien de tel pour s’initier aux coutumes régionales que cet itinéraire, longeant les falaises littorales, crêtes et forêts et vous donnant la possibilité de faire toutes sortes de haltes gastronomiques. Autant dire que nous ne nous sommes pas fait prier pour goûter à la délicieuse cerise noire d’Itxassou (prononcer Itchassou), ainsi qu’aux piment d’Espelette, fromages de brebis, jambon de Bayonne et autres spécialités locales. Vous auriez tort de vous en priver !
En plus de nous remplir la panse comme il se doit, le GR10 nous en envoie aussi plein les mirettes avec ses deux indispensables du paysage pyrénéen : l’océan et la montagne à perte de vue. Un conseil, filez faire trempette à la plage d’Hondarribia si vous en avez l’occasion. Elle se situe dans la partie espagnole, non loin d’Hendaye.
Le sommet de La Rhune (Larrun en basque) fait également partie des points clés du voyage, du haut de ses 900 mètres de hauteur. Il offre une vue à 360 ° sur toute la côte et abrite en son sein toutes sortes d’espèces animales (chevaux, brebis, vautours, pottoks) : de quoi garnir – pour les plus connectés d’entre vous – votre Instagram à gogo.
Même si nous ne cautionnons pas la flemmardise, il est aussi possible de faire l’ascension en train. Mais n’allez pas le regretter par la suite !
Pour l’intégralité du GR10, les trois clés du randonneur son requises : une bonne connaissance du milieu montagnard, une bonne forme physique et un bon sens de l’orientation. Concernant ce tronçon en particulier, ne vous embarquez pas dans l’aventure si vous recherchez une simple marche de santé. On marche 4 à 6 heures en moyenne, avec un dénivelé positif de 300 à 500 mètres. Les sportifs du dimanche devront donc trouver un plan B.
Le chemin de Saint Jacques de Compostelle (Espagne)
Au fromage de brebis outrageusement bon, un autre bijou prend place au patrimoine pyrénéen : Saint Jacques de Compostelle. La légende raconte qu’au IXe siècle, un ermite nommé Pelayo reçut la révélation du lieu du tombeau Saint-Jacques, l’un des douze apôtres du Christ, qui lui fut signalé par des lumières surnaturelles. Suite à cela, l’évêque des lieux aurait ordonné des fouilles qui, selon les dires, menèrent au « saint-corps ». Un édifice fut alors construit au même emplacement, celui qui aujourd’hui attire des pèlerins du monde entier.
Depuis la France, il existe 4 possibilités pour s’y rendre. Les 4 voies se retrouvent en un seul et même lieu, aux portes de l’Espagne, en plein cœur du pays aux bérets rouges. Un itinéraire mérite une attention toute particulière : la via Podiensis (balisée GR 65), qui va du Puy-en-Velay à Saint-Jacques.
Chaque année, des milliers de visiteurs empruntent ce chemin historique, qui doit sa notoriété à son décor sans précédent. Tel Indiana Jones, on aurait presque envie de partir à la trace des trésors régionaux qui ponctuent la route vers le sanctuaire. Anciens volcans, collines verdoyantes, ruisseaux, genêts, bois de pins… Pas de doute, nous sommes bien entre la magnifique région basque et le pays de Cervantès. Parmi ces phénomènes naturels, le plateau de l’Aubrac fait partie des immanquables. Parsemé de gigantesques blocs rocheux et de lacs cristallins, l’Aubrac invite tout naturellement au recueillement et représente l’un des points forts du parcours.
À cela s’ajoute les nombreux monuments historiques qui inscrivirent Saint-Jacques dans la légende. Parmi eux, Notre Dame du Puy-en-Velay, connue pour sa célèbre Vierge Noire. Elle reçut la visite de tant de pèlerins qu’elle fut obligée, au XIIe siècle, d’être agrandie de quatre travées.
Les mordus d’architecture apprécieront aussi le pont Valentré, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, emblème de l’esthétique moyenâgeuse en matière de défense.
Mais attention, Compostelle n’est pas un lieu de pèlerinage pour rien : 750 km sépare les deux points d’itinérance, soit environ un mois de marche. Une fois encore, mieux vaut avoir du temps devant soi… et un entraînement de marathonien.
Rassurez-vous, vous ne recevrez pas le châtiment divin si vous choisissez la voie facile. Comme dit le saint dicton : c’est l’intention qui compte. Attention, chemin raccourci n’équivaut pas pour autant à zéro difficulté. Selon les itinéraires choisis, les dénivelés peuvent atteindre 2300 mètres et certains passages sont très raides. Si vous n’êtes pas trop sûr de vous, empruntez plutôt le chemin Puy-en-Velay – Nasbinals, accessible aux randonneurs débutants. Comptez 6 à 7 jours de marche pour ce dernier.
Le chemin de Stevenson – GR 70 (Lozère, Haute-Loire, Gard)
Un peu de lecture à présent car le chemin de Stevenson doit son appellation à l’écrivain écossais du même nom qui raconte dans son ouvrage Voyage avec un âne au pays des Cévennes, son périple à travers les Cévennes à pied. Il part de la Haute-Loire et traverse toute la Lozère pour atteindre, douze jours plus tard, Saint-Jean-du-Gard avec pour une unique compagne une ânesse portant son bât. L’engouement pour cet ouvrage est tel qu’en 1978, un itinéraire de randonnée a été spécifiquement mis en place à l’occasion du centenaire du voyage. Il fut ensuite intégré au réseau de grande randonnée en tant que GR70.
En effectuant le parcours, on comprend mieux pourquoi l’écrivain tomba en pamoison devant les paysages cévenols qui sont non sans rappeler les Highlands écossaises, notamment en arrivant à Langogne, ancienne province du Gévaudan. C’est aussi ici que naquit la légende de la bête féroce du Gévaudan, sûrement du au mysticisme des lieux. Paysage de landes, marécages recouverts de bruyère, forêt de bouleaux, étendue de rochers : mieux vaut garder son sang-froid.
Au cours de ce voyage initiatique on découvre, entre autres, tous les charmes de la Lozère qui, au même titre que la Bretagne, se donne des airs de bout du monde. C’est tout simplement LE coin idéal pour faire une retraite silencieuse car il s’agit du département le plus haut et le moins peuplé de France.
Et comment ne pas tomber sous le charme des terrasses cévenoles, qui semblent tout droit sorti de la campagne chinoise traditionnelle. Elles doivent leur existence aux nombreux agriculteurs qui travaillaient autrefois dans la région. La place étant limitée, ils choisirent d’aménager ainsi le territoire, au grand bonheur des randonneurs d’aujourd’hui.
Plusieurs possibilités d’itinéraires sont possibles. Certains prennent la décision de s’arrêter à mi-parcours, sur une semaine de randonnée, tandis que les plus ambitieux choisissent d’aller jusqu’au bout des sentiers empruntés par notre ami écossais.
Si le temps ou les forces vous manquent, vous pouvez arrêter votre route à Chasseradès. Séchez vos larmes, même à la moitié du chemin, le sentier vaut le détour. Vous pourrez admirer la sublime vue sur le bassin du Puy, franchir les gorges de la Loire et, si vous gardez l’œil ouvert, vous aurez peut-être l’occasion de croiser quelques vestiges du passé cévenol. De nombreux lavoirs, métiers à ferrer, fours, croix de chemin sont dissimulés tout au long du parcours. C’est le moment d’activer le Sherlock Holmes qui est en vous.
Au rayon technique, pas de difficultés particulières donc aucune raison de reporter votre voyage ! En revanche, privilégiez le printemps comme période de départ. Prenez garde aux mois de juillet et août qui peuvent être très chauds et orageux. L’automne, quant à lui est assez brumeux et pluvieux.
Le tour du Mont Blanc
Le « toit de l’Europe » en fascine plus d’un avec ses arêtes majestueuses et ses neiges éternelles. Quel alpiniste n’a pas, au moins une fois dans sa vie, rêvé de prendre la pose sur son imposant sommet de 4810 mètres, histoire de dire « je l’ai fait » ? Mais au-delà du grand M on peut aussi réaliser ses rêves en parcourant les alentours de ce lieu mythique.
Le tour du Mont-Blanc est considéré comme l’une des randonnées les plus belles du monde. Elle n’a que faire des frontières et rassemble en son sein le trio d’enfer alpin, à savoir la France, la Suisse et l’Italie. La bonne nouvelle ? Toutes les catégories de grimpeurs peuvent y poser leurs semelles ! On peut ainsi approcher le gourou des ascensionnistes, sans pour autant perdre un doigt de pied. Par ailleurs, on peut choisir entre plusieurs itinéraires, en bivouac ou accompagnés d’un guide par exemple.
Parmi les ascensions mythiques réalisables autour du Mont Blanc, on peut notamment citer la Fenêtre d’Arpette, qui culmine à 2665 mètres d’altitude. Avec ses 1000 mètres de dénivelé de chaque côté, l’ascension est relativement exigeante mais elle dévoile, en fin de parcours, le superbe glacier du Trient. En revanche, aux vues du nombre de personnes empruntant ce chemin, évitez la haute-saison.
Pour ceux qui ne disposent que d’une semaine de vacances, la boucle de Saint-Gervais-le-Fayet est une possibilité. Elle s’effectue en une semaine et regroupe de nombreux « must-do », notamment la réserve naturelle des Contamines-Montjoie.
Tous les chamoniards vous le diront, elle en bouche un sacré coin. Plus haute réserve de France, elle présente le plus grand dénivelé : 2800 mètres de nature montagnarde rien que pour vos beaux yeux. On y trouve la faune habituelle des zones forestières (chevreuil, blaireau, renard, cerf, etc.) mais aussi celle typique des Alpes. À vous les marmottes, bouquetins, chamois et autres mignonnes créatures (si vous réussissez à les approcher). La réserve grimpe au-dessus du col des fours, et donne vue sur le superbe glacier de Tré la tête, qui s’étend sur environ mille ha. Une montée qui se mérite…
Lors du passage en Italie, nous avons adoré la montée dans les alpes du col de la Seigne (2516 mètres) qui signe l’entrée dans la grande botte. Les massifs y sont encore plus majestueux et la descente donne vue sur le joli lac du glacier du Miage. Cette étape vous donnera l’occasion de découvrir les villages italiens aux alentours, notamment celui de Courmayeur, capitale des Alpes italiennes.
Les alpages suisses arrivent vers la fin du parcours, juste à temps pour goûter leurs célèbres fromages alpins.
L’ascension se termine par une randonnée époustouflante, du lac des Chéserys au lac blanc, offrant au marcheur une vue imprenable sur les glaciers alentours. Qui a dit que le Mont-Blanc était un indispensable ?
Article rédigé pour Hardloop.fr, susceptible d’être modifié par le client
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