Rencontre avec Hervé Brunel : producteur d’herbes aromatiques en bio

Rencontre avec Hervé Brunel, un producteur engagé dans l’agriculture bio au quotidien, sur la production d’aneth, de fenouil et de thym.

Pourquoi avez-vous choisi de vous diriger vers le secteur agricole ?

H.B – J’étais artisan durant très longtemps et je travaillais auprès de machines agricoles. Je baignais donc dans l’agriculture de masse et ce mode de production ne me plaisait pas. Un beau jour, je me suis décidé à passer le cap et changer de secteur professionnel. J’ai vendu mon entreprise et je suis rentré dans ma région de la Drôme Provençale, à Marsanne. 

J’ai repris la ferme de mes parents à leur retraite et j’ai fait passé l’exploitation en bio avec des plantes aromatiques (mes parents étaient en céréalier).

Qu’est-ce qui vous a amené vers le bio en particulier ?

H.B – Le bio correspond à mon mode de vie de base. Je suis très sensible à la protection de la nature, au fait de manger sain, et j’aime l’idée de voir revenir la faune et la flore sauvage. Chez nous, on voit désormais revenir des plantes et des oiseaux que l’on pensait disparus (lièvres, perdreaux…). Avec la diminution de la pollution, ils retrouvent un meilleur cadre de vie mais aussi une meilleure nourriture.

L’agriculture bio, c’est quoi exactement pour vous ?

H.B – La Drôme est le premier département en bio donc j’y suis très attaché. De plus en plus d’agriculteurs choisissent de quitter leur mode de production pour s’y convertir. Pour moi, le bio est une agriculture où on reste sur le naturel. Auparavant, c’était très répandu mais avec les nouveaux modes de production cela a beaucoup évolué.

Dans l’agriculture biologique, on utilise du fumier que nous compostons nous-mêmes ou certains engrais organiques (transformation de certaines fientes issues de l’élevage bio). On utilise également de la décoction de plantes comme le thym ou l’ail pour traiter certaines maladies végétales. Nos désherbants sont également élaborés à partir de produits naturels.

Autre élément important de l’agriculture bio chez nous : nous effectuons les transformations sur place : on laisse nos déchets naturels pendant toute une année avant de les retravailler ou de les mettre dans les parcelles.

Pourriez-vous nous décrire comment se passe votre travail au quotidien ?

H.B – Les jours sont très diversifiés selon les périodes de l’année. La haute-saison correspond à la période de binage (sur la partie extérieure), à la coupe et à la cueillette des aromatiques.

En cette saison estivale, on contrôle les plantations le matin et on lance les irrigations. Puis en fin de matinée nous procédons au repiquage (technique qui consiste à déplanter un végétal et à le replanter dans un autre substrat de culture ou à autre endroit, pour des visées diverses notamment pour étendre la période de végétation, ndlr) dans les parties maraîchages. En début d’après-midi, nous commençons à couper pour que la plante ait un maximum de soleil car il faut savoir que dans l’agriculture bio, on ne triche pas.

Durant les mois de pluies, les journées sont totalement différentes. L’hiver est une saison de plantation et de binage, en sachant que l’on ne travaille pas sur le même côté, uniquement sur les parties qui vont en terre.

Quelles types de plantes cultivez-vous ?

H.B – Je cultive du thym, de la sauge, de la sarriette, du romarin sur une partie de l’année et du calendula, de l’aneth, du fenouil et du fenugrec en annuel.

Pourriez-vous nous dire quelles sont les spécialités de votre région ?

H.B – Il y a de plus en plus de producteurs de lavande, mais aussi de petit épeautre. En gastronomie nous sommes très connus pour les ravioles de Royan et nous possédons des agneaux IGP de pure race préalpine. 

Auriez-vous un conseil à donner à ceux qui souhaitent se mettre au bio ?

H.B – Je dirais que c’est un mode de vie. Le travail n’est pas plus facile, on passe beaucoup de temps au niveau de nos plantations. Il faut donc vraiment se diriger vers ce mode de production si on des valeurs, et non pour des raisons financières. Mais ça n’est pour autant que l’on arrive pas à vivre en bio ! Et nos produits ont une réelle valeur ajoutée.

Pratiquez-vous le bio dans votre quotidien ?

H.B – Oui, cela fait un an et demi que nous ne rendons plus dans les grandes surfaces car nous privilégions le circuit court. Nous avons des collègues qui élèvent des poulets, d’autres des porcs, du bœuf, des producteurs de fromage et d’autres magasins de producteurs qui nous permettent de ne plus passer par les supermarchés. Je dirais que notre mode de consommation est à 85% bio et raisonné pour le reste, c’est-à-dire privilégier des produits qui ont subi un traitement similaire au bio (pas d’antibiotiques donnés aux animaux par exemple).

Photo de couverture © avecplaisir.bio

Article réalisé pour le magazine avecplaisir.bio, susceptible d’être modifié par le client

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